En 1970, un réseau de communication entre les ordinateurs de l’University of California Los Angeles (UCLA), de la Stanford University, de la Santa Barbara University et de l’University of Utah à Salt Lake City a été mis en service avec des ordinateurs de l’Advanced Research Project Agency (ARPA) du Départment de la défense américain. Ce réseau a été appelé ARPAnet et il est passé de 4 à 23 ordinateurs, en 1971, et 111 ordinateurs étaient connectés en 1977. Cette idée de réseau informatique a aussi été reprise par plusieurs instituts universitaires dans le monde, dont le Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN) à Genève. Petit à petit, les réseaux des différents centres ont commencé à se connecter entre eux et, en 1991, l’ARPA a officiellement séparé son réseau militaire du réseau commercial et universitaire. Les particuliers ont pu se connecter à ce réseau civil et, en 1999, Internet comptait environ 50 millions d’ordinateurs connectés. Depuis, la croissance a été exponentielle.
Si dans les années 1970, un jeune Bill Gates s’amusait à faire des blagues sur son réseau domestique c’est en 1988 que, pour la première fois, une menace informatique a attaqué le réseau mondial. L’expert informatique Robert Morris voulait évaluer la dimension d’Internet : il a donc créé un programme capable de se dupliquer et de s’envoyer par la messagerie électronique à tous les contacts de l’utilisateur de l’ordinateur. Le résultat est que ce programme s’est multiplié avec une telle puissance qui a ralenti et, parfois, bloqué, ARPAnet. Ce ver informatique a été appelé Morris worm, du nom de son créateur, et Robert Morris, aujourd’hui professeur du MIT, a été le premier homme jugé sous le US computer fraud and abuse act.
L’expression cyberwar a été utilisée pour la première fois en 1993 dans l’ouvrage Cyberwar is coming!, Comparative Strategy (Taylor & Francis Group, Londres, Royaume-Uni) écrit par John Arquilla et David Ronfeld. Ce terme définissait seulement l’attaque et la défense des réseaux militaires, tandis que le net warfare indiquait les actions ayant pour but de contrôler les informations sur les réseaux informatiques en général.
En parallèle, Martin Libicki s’intéressait aux questions liées aux informations warfare, qui, pour lui était un surdomaine qui incluait plusieurs formes d’opérations militaires telles que : le command and control warfare (C2W), l’intelligence-based warfare (IBW), l’electronic warfare (EW), le psycological warfare (PSYW), le hacker warfare, economic information warfare (EIW) et le cyberwarfare.
Dans la même période, un certain nombre d’ouvrages fondateurs ont été écrits, dont les plus significatifs me semblent les suivants : William S. Lind, Keith Nightenga, John F. Schmitt, Joseph W. Sutton, Gary I. Wilson, The Changing Face of War: Into Fourth Generation, Marines Corps Gazette, octobre 1989, Quantico, États-Unis, article disponible sur le site http://www.usmc.mil. Roger Molander, Andrew Riddle et Peter Wilson, Strategic Information Warfare -- A New Face of War, Santa Monica CA: RAND Corporation, 1995 Richard Szafranski, A theory of information warfare: Preparing for 2020, Airpower Journal, Maxwell AFB, Etats-Unis, Vol. IX, no. 1, printemps 1995, pp. 56-65 David S. Alberts, The Unintended Consequences of Information Age Technologies, National Defense University Press, Washington DC, Etats-Unis, 1996 John Arquilla et David Ronfeldt, The Advent of Netwar, RAND, Santa Monica, Etats-Unis, 1996 David S. Alberts, Defensive Information Warfare, National Defense University, Washington DC, Etats-Unis, 1996. Winn Schwartau, Information Warfare: Cyberterrorism: Protecting Your Personal Security in the Electronic Age, Thunder’s Mouth Press, New York, Etats-Unis, 2ème édition, 1996 C’est seulement avec l’ouvrage des colonels chinois Qiao Liang et Wang Xiangsui Unrestricted Warfare, (PLA Literature and Art Publishing House, Beijing, Chine, 1999) que la notion d’opérations militaires s’est ouverte et étendue avec le concept de unrestricted warfare ou « conflit interarmées sans limites » (en chinois « pian zheng shi chao xian zuhe zhan ») qui incluait les actions diplomatiques, économiques, industrielles, informationnelles, etc. (« La guerre hors limite »)
Dans ce cadre, l’OTAN a fait évoluer sa doctrine et dans les documents officiels de l’OTAN du début des années 2000 on parlait de computer network operations, qui se distinguait en computer network attack (lutte informatique offensive) et computer network defense (lutte informatique défensive).
En conclusion, comme disait Tancredi dans le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change » et, à mon sens, le domaine de la cyberguerre répond bien à ce dicton très pragmatique.
Si dans les années 1970, un jeune Bill Gates s’amusait à faire des blagues sur son réseau domestique c’est en 1988 que, pour la première fois, une menace informatique a attaqué le réseau mondial. L’expert informatique Robert Morris voulait évaluer la dimension d’Internet : il a donc créé un programme capable de se dupliquer et de s’envoyer par la messagerie électronique à tous les contacts de l’utilisateur de l’ordinateur. Le résultat est que ce programme s’est multiplié avec une telle puissance qui a ralenti et, parfois, bloqué, ARPAnet. Ce ver informatique a été appelé Morris worm, du nom de son créateur, et Robert Morris, aujourd’hui professeur du MIT, a été le premier homme jugé sous le US computer fraud and abuse act.
L’expression cyberwar a été utilisée pour la première fois en 1993 dans l’ouvrage Cyberwar is coming!, Comparative Strategy (Taylor & Francis Group, Londres, Royaume-Uni) écrit par John Arquilla et David Ronfeld. Ce terme définissait seulement l’attaque et la défense des réseaux militaires, tandis que le net warfare indiquait les actions ayant pour but de contrôler les informations sur les réseaux informatiques en général.
En parallèle, Martin Libicki s’intéressait aux questions liées aux informations warfare, qui, pour lui était un surdomaine qui incluait plusieurs formes d’opérations militaires telles que : le command and control warfare (C2W), l’intelligence-based warfare (IBW), l’electronic warfare (EW), le psycological warfare (PSYW), le hacker warfare, economic information warfare (EIW) et le cyberwarfare.
Dans la même période, un certain nombre d’ouvrages fondateurs ont été écrits, dont les plus significatifs me semblent les suivants : William S. Lind, Keith Nightenga, John F. Schmitt, Joseph W. Sutton, Gary I. Wilson, The Changing Face of War: Into Fourth Generation, Marines Corps Gazette, octobre 1989, Quantico, États-Unis, article disponible sur le site http://www.usmc.mil. Roger Molander, Andrew Riddle et Peter Wilson, Strategic Information Warfare -- A New Face of War, Santa Monica CA: RAND Corporation, 1995 Richard Szafranski, A theory of information warfare: Preparing for 2020, Airpower Journal, Maxwell AFB, Etats-Unis, Vol. IX, no. 1, printemps 1995, pp. 56-65 David S. Alberts, The Unintended Consequences of Information Age Technologies, National Defense University Press, Washington DC, Etats-Unis, 1996 John Arquilla et David Ronfeldt, The Advent of Netwar, RAND, Santa Monica, Etats-Unis, 1996 David S. Alberts, Defensive Information Warfare, National Defense University, Washington DC, Etats-Unis, 1996. Winn Schwartau, Information Warfare: Cyberterrorism: Protecting Your Personal Security in the Electronic Age, Thunder’s Mouth Press, New York, Etats-Unis, 2ème édition, 1996
Dans ce cadre, l’OTAN a fait évoluer sa doctrine et dans les documents officiels de l’OTAN du début des années 2000 on parlait de computer network operations, qui se distinguait en computer network attack (lutte informatique offensive) et computer network defense (lutte informatique défensive).
En conclusion, comme disait Tancredi dans le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change » et, à mon sens, le domaine de la cyberguerre répond bien à ce dicton très pragmatique.